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LA CRISE DE MILIEU DE VIE       Dr Jean-Paul Berthet      

A une certaine phase de l'âge moyen un individu, lambda .prend le plus souvent une conscience de plus en plus nette et claire de la condition précaire de son individualité propre... En général il a consacré ses premiers efforts d'adulte à s'affirmer socialement, affectivement ... il a aussi assuré génitalement... par ce qu'il est convenu de nommer la parentalité... il s'est donc inscrit dans la succession des générations et de fait il parvient en général à une période ou il fait un bilan de son passé et de ses réalisations ... et il s'interroge de façon plus ou moins claire et précise sur le sens de son existence ... il prend alors une certaine distanciation vis à vis de lui même et se dit que quelquefois il n'a pas eu ou n'a toujours pas l'impression d'avoir eu son libre arbitre dans la vie ....il a parfois l'impression d'avoir été prisonnier en grande partie de son passé de son enfance , de choix imposés par ses parents ou des choix imposés par son groupe familial ou culturel... en quelque sorte il se dit qu'il s'est en fait préoccupé de ceux qui l'ont construit .... ses parents, ou de ce qu'il a construit .... mais ne s'est pas assez préoccupé de ses aspirations personnelles ... donc il estime que dans la construction de lui même il n'a pu faire intervenir toutes ses capacités, ses potentialités et il se demande plus ou moins clairement s'il est possible de changer... ou s'il n'est pas trop tard...

Donc il s'agit d'un bilan... et ce bilan de milieu de vie comporte donc souvent des éléments de regrets, de déception d'autant qu'il a conscience en même temps que le temps s'amenuise pour mener à bien ses aspirations personnelles ....

Cette situation, son désir l'amènent à souhaiter des changements et à tenter de les mettre en oeuvre....

Dès lors diverses stratégies se présentent...

1° assumer le passé et reconnaître la valeur de ce qui a été créé : il lui suffit alors de continuer d'épanouir la situation actuelle. Cet homme va devenir ou continuer à devenir créateur, créateur permanent de sa propre vie....créateur tardif...

2° au contraire, quelquefois le sentiment d'une conduite d'échec l'emporte ...et ce avec tant d'intensité que le sujet éprouve en quelque sorte le besoin d'occulter son passé ,de l'effacer, de le détruire...pour devenir un autre...se refaire , se recréer, se re-naître...

Plusieurs voies sont alors possibles :

* La réadaptation

-par un changement de vie, professionnelle ou personnelle

-par un changement de lieu

-par un changement de lien ou liens

-etc...

* Mais cette nouvelle donne comporte un risque, elle fait fi de l'expérience passée, en plaçant le futur à l'écart de toute expérience...et cela risque de créer une dissociation entre l'histoire de ce sujet et son futur, et cela peut être difficile à assumer..." un homme sans histoire est un homme sans avenir..."

* Une autre voie hélas possible .c'est la Maladie..

-soit purement psychopathologique c'est le cas des morosités, des dépressions résistantes, des hypochondries définitives, des glissements résignés

-c'est aussi la psychosomatique, la psychosomatique refuge, et comme disait de MUZAN, la psychosomatique c'est une guérison...guérison triste certes...,donc psychosomatique qui permet au sujet de se dé-responsabiliser en plaçant sa passivité sur le compte d'un corps défaillant...

Voila très grossièrement défini, non pas la crise de milieu de vie, mais le climat favorisant son émergence....

Crise de milieu de vie , on aurait pu utiliser d'autres expressions...et il en existe d'autres bien évidemment...le tournant de la vie, manifestations critiques de l'âge moyen, le "passage" ... c'est un passage..., le démon de midi... expression un peu réductrice on va le voir, le retour d'âge... expression elle même un peu réductrice..., la deuxième carrière, le nouvel âge, la force de l'âge, la maturescence etc...

Ce dernier terme néologique personnellement je l'aime bien, il exprime à mon avis la réalité des modifications survenant entre l'adolescence et la sénescence..naissance ,enfance, adolescence,maturescence , sénescence (on pourrait y ajouter la dégénérescence)

Cette partition en cinq âges peut se discuter...

  1.   La LUNE :c'est l'enfance à cause de sa moiteur et de son humidité...je vous laisse deviner...
  2.    La deuxième période, c'est MERCURE: c'est l'âge ou l'homme commence à parler distinctement, avec un embryon de raison,il s'adonne à l'apprentissage des lettres et des arts...
  3. la troisième période c'est VENUS: c'est l'adolescence ...je ne fais pas de commentaires ...
  4.   Quatrième période .c'est la jeunesse qui correspond au SOLEIL, parce que c'est à cet âge que la beauté de l'homme séduit le plus ...
  5.   La cinquième période c'est MARS.l'âge de la virilité, du courage et de la discipline...
  6. La sixième période correspond à JUPITER , c'est la première vieillesse,l'âge de la gravité,de la maturité...
  7. Enfin, la septième période c'est SATURNE ce Dieu taciturne, morne et inquiétant qui préside aux choses du temps...c'est la vieillesse avec sa froideur et sa faiblesse extrême ...
  8. Alors, le milieu de vie .dans tout cela ,c'est difficile à définir...c'est de toute manière mathématiquement impossible à déterminer... car on ne peut le connaître que le jour de sa mort ,en divisant par deux le nombre de ses années ..(et encore, si mes calculs sont bons...!!)

ROSENBAUM, a tenté une approche de définition basée sur l'évaluation sociale...il estime qu'après quarante ans les chances de réussite sociale diminuent.

MADDOX lui, définit le milieu de vie par rapport à ce qu'il appelle l'auto- perception plus exactement le changement dans l'auto-perception de soi... chacun se percevant par rapport au regard d'autrui.

Exemples:

- entendre quelqu'un qualifier sa mère de vieille dame , alors que soi-même on la perçoit encore jeune

- observer une femme avec un regard intéressé , libidineux, galiboteux ; concupiscent, et....s'apercevoir qu'elle a l'âge d'être votre fille ...

- trouver dans l'attitude de ses collègues de la déférence , des marques de respect....

- amusez vous à en trouver vous -même ... c'est peut-être comme le disait Marcel PAGNOL ,"quand on dit tu à tout le monde et que tout le monde vous dit vous..."

- ou bien quand on commence à prendre des gouttes tous les soirs...

*NEUGARTEN, peu importe son nom,définit le milieu de vie, par rapport à la perception du temps vécu...il remarque qu'à un certain moment de la vie ,on compte les années en fonction du temps qui reste , alors qu'avant on calculait son temps écoulé depuis la naissance .."découvrir dans son miroir,qu'on n'est plus un bon vivant mais un condamné à mort..."

Bref chacun sa définition, peut être pourrez vous en proposez vous même...C'est parait il quand on commence à dire :"je ne me suis jamais senti aussi jeune...". Moi j'aime bien la définition éclairée des analystes : la fin des illusions en quelque sorte la sagesse... la fin des phantasmes mégalomaniaques ...à 20 ans si on commence la planche à voile on peut espérer devenir champion du monde ... à 45 ans avouez que cela doit être plus laborieux....Et connaissez vous celle de Woody ALLEN... "c'est quand je deviendrai un monsieur qui hante les cafés, un sac à provision à la main, et que je professerai le socialisme à grands cris..."

Voyez que toutes ces définitions sont un peu tristounettes. Ca promet...mais que se passe t'il donc au moment du milieu de la vie? Il semble exister un sentiment d'enfermement... en soi-même, en son milieu culturel, prisonnier de ses choix antérieurs, avec la nette conscience de la difficulté à se libérer...ajouté à la nette prise de conscience du passé... (JUNG disait c'est le passage entre le "je veux" de l'enfant ou de l'adolescent et le "je dois " de l'adulte mûr..) enfermement donc limites ... qu'en est il?

1° Le corps tout d'abord :

le corps de l'homme ou de la femme change souvent de façon significative, bien que restant apte à toutes les fonctions:

-sur le plan physique : c'est la calvitie qui se confirme, les rides se creusent, les bourrelets, le double menton, la fesse qui s'affaisse, la cuisse qui devient triste etc...

C'est l'âge des premiers désordres, des premiers fibromes , j'allais dire, du premier toucher rectal...la prostate... je ne sais plus qui disait : "la prostate, cet appareil de moins en moins génital ,et de plus en plus urinaire..."

C'est l'âge ou les sportifs deviennent des vétérans ..ils abandonnent la compétition au moins de haut niveau...même avec les enfants il n'est pas indifférent à un père d'être vaincu pour la première fois au tennis par son fils adolescent..

Il en résulte souvent de manière ambivalente une modification de l'image de soi...

Alors, le sportif devient entraîneur, conseiller technique président ou trésorier de club...

-mais c'est aussi l'âge ou le sujet socialement arrivé, se dit qu'il va pouvoir enfin réaliser le développement physique et sain qu'il n'a pas pu assurer jusqu'à maintenant ...c'est le jogging du dimanche, le squach après épreuve d'effort, le vélo d'appartement... il devient le Tarzan du Dimanche matin, soumis à tous les risques pathologiques d'un organisme insuffisamment entraîné...Chez la femme : péri? pré? la ménopause n'est pas encore présente,mais on sait qu'elle ne saurait tarder...elle survient en général vers 50 ans donc à une période déjà avancée de l'âge moyen, mais elle peut être plus précoce, spontanément ou artificiellement, et son impact psychologique ne peut être minimisé,... il est usuel de dire c'est "le retour d'âge" qui évoque un tournant majeur.une inversion du temps de vie... Même chez une femme qui a réussi à bien dissocier genitalité et sexualité, la cessation d'une fonction aussi importante que la procréation ne peut la laisser indifférente. Une étude de SOFRES à partir d'un échantillon de 600 femmes de 47 à 57 ans distingue 5 catégories de réactivité féminine :

- les malades de la ménopause

- les alertées

- les fragilisées

- les bienheureuses

- les non concernées : forme de déni sans doute.

Bien sûr, cette période de perte de capacité procréatrice est obligatoirement variable :

- selon la philosophie personnelle de la femme

- selon son insertion socio-professionnelle

- selon les enfants qu'elle a eu ou qu'elle n'a pas eu

- selon les enfants qu'elle voudrait encore donner a son partenaire.

- selon ses convictions culturelles etc...

En général, la ménopause semble bien acceptée, contrairement à une opinion répandue chez les gynécologues, les psychiatres et les analystes , d'ailleurs le pic de la dépression se situe avant 35 ans chez la femme, puis après 65ans (bimodale) : j'ai une étude là dessus : dépression et milieu de vie chez la femme je vous fais grâce des chiffres.    

En revanche l'hystérectomie est nettement associée a la dépression... Plusieurs études (Lemperière 1973),ont montré que la ménopause chirurgicale favorisait les troubles psychiatriques cependant d'autres études (Mac Kinley 1987, Ryan et collab 1989) ont montré une prévalence élevée de troubles dépressifs avant l'intervention et suggèrent que la dépression pourrait en fait être plus un facteur favorisant de l'hystérectomie que sa conséquence...

La CMV chez la femme n'est pas que l'approche de la ménopause...Vieillir au féminin n'est pas facile ! La vieille reine est supplantée par la jeune Blanche Neige mais avez vous vu un prince charmant triompher de tous les ennemis, terrasser tous les dragons pour réveiller une dame d'âge mur, vivre longtemps et lui faire beaucoup d'enfants ?

Il est difficile dans nos sociétés ou jeunesse = beauté où la mode est faite exclusivement pour les femmes de 40 à 45 ans, il est difficile pour une femme de faire coïncider son corps réel et son corps imaginaire : d'où souffrance, d'où décalage névrotique..la preuve, la difficulté que l'on a à accepter son image en photo, (comme reconnaître notre voix enregistrée.)

Alors ce corps que la femme a eu du mal à accepter à la puberté, elle s'y coule ensuite certes, elle s'y habitue assez bien en composant avec ses seins trop petits ou son poupoute trop gros jusqu'à ce qu'insidieusement les rides et l'adipeux remettent tout en question ! ça coule, ça boudiné, ça fond, ça suinte !!

Alors la lutte commence :

- chirurgie esthétique, et la demande est très forte à cet âge moyen (liposuccion, collagène, infiltrations...)

- les régimes pour arriver à maigrir, les groupes d'amaigrissement...

Mais pour arriver à quoi ? à pouvoir mettre les vêtements à la mode, à se glisser dans la petite robe moulante qui n'existe pas au-delà du 42 ! Ça veut dire renoncer au baba au rhum, à la Chantilly et au chocolat... Pour avoir croqué la pomme, Eve a été punie, et priée d'aller se rhabiller..

Cela dit, il n'y a pas que les limites du corps : les limites sociales par exemple,avec en particulier :

2° Les difficultés professionnelles : âge moyenne cadre 45- 50 ans, qui perd brutalement le poste de confiance au profit du jeune loup de 30 ans et voit progressivement se dégrader sa vie professionnelle et familiale...mais cela peut être plus banal plus trivial...

On sait en effet que I' homme en milieu de vie est plus sensible à ce que l'on appelle les "stressors" c'est à dire ces agents qui peuvent être à l'origine d'un stress :

-la sonnerie du réveil

-le froid dehors

-la quantité de travail qui attends au bureau

-dégeler le pare- brise le matin

-le papillon sur le pare-brise

-les embouteillages en fin de journée-etc...

Curieusement, beaucoup de professionnels assimilent leur stress à leur surcharge de travail.. en fait et c'est prouvera charge de travail serait stimulante, dopante ( bien évidemment jusqu'à un certain seuil ,au delà duquel elle devient un frein...)

Apparemment moins futile, plusieurs facteurs alimentent la CMV sur le plan social:

-le poids des dettes: avec l'obligation de réussir financièrement en particulier dans nos cultures d'abondance ou tout procède du social, et ou on est défini, estimé .coté .désigné par ses titres et revenus.

-la profession piège c'est à dire l'enfermement dans le métier ...cela a été bien étudié chez les professions libérales, les dentistes en particulier et je me souviens d'une publication qui était intitulée "la ménopause du dentiste " c'est le sentiment quasi phobique, quasi claustrophobique de ne plus avoir la

possibilité de choisir une autre carrière... toute sa vie il est condamné à boucher des trous dans une denture...carrière tracée désormais comme une autoroute jusqu'à la retraite...

-l'isolement social : c'est encore une fois le problème des libéraux entre autres "coincés dans leur cabinet et qui progressivement désinvestissent 'extra professionnel fatigués qu'ils sont.. lassés de tout.. un syndrome de "burn-out" .. une bouderie sociale ou dominent les sentiments d'inutilité une réduction des motivations, réduction spontanée ou imposée, entraînant un véritable conditionnement à l'inhibition...

il existe un véritable désarroi qui pousse à la régression ... et il est important de déceler le plus tôt possible la nature de la régression, soit bénigne : c'est alors un élan, régresser pour progresser tout s'améliore après un temps variable de repos et de réflexion... un temps de "retirance", soit maligne régresser pour régresser et le pronostic est celui du burn -out, de la dépression d'épuisement qui on le sait .quand elle est négligée conduit à la chronicité dépressive.

-un autre facteur terriblement accablant et générateur de crise , c'est le changement rapide des techniques qui favorisent le sentiment d'incompétence ...on a ainsi décrit une pathologie spécifique du milieu de vie, c'est le complexe d'imposture...

70 % en effet des sujets ayant réussi socialement ont éprouvé à un moment plus ou moins long le sentiment désagréable d'être des faussaires, autrefois surestimés et désormais " démasqués " ou en passe de l'être...

3° Comme on a vu les facteurs physiques et sociaux alimentant la CMV, il existe également ce qu'il est convenu de nommer l'angoisse de la dépendance ambivalente aux images parentales.

En fait, les hommes et les femmes de 40 à 55 ans qui vivent toujours en symbiose, ou même en harmonie simple avec leurs parents sont souvent à cette période de vie saisis d'angoisse, de l'angoisse à l'idée que leurs géniteurs, restés jusqu'alors leurs protecteurs commencent à vieillir et peuvent alors mourir: c'est une angoisse abandonnique... on dit anaclitique c'est à dire le défaut d' étayage... désormais plus de protection, de parapluie... c'est mon tour... je suis en première ligne. En quelque sorte il s'agit d'un deuil anticipé qui fait prendre conscience de sa propre finitude.

4°Enfin et bien sûr sur un plan plus intime, intimiste, le milieu de vie entraine aussi une réflexion en ce qui concerne la vie sexuelle, le couple, la famille.

A/ pour ce qui est de la fonction sexuelle : 

le syndrome de routinisation,la lassitude, l'habitude sexuelle et sentimentale, les modes déviés de communication , (communication opératoire), le besoin de se prouver à soi-même sa capacité résiduelle de séduction pour se cacher le début de vieillissement, favorisent les désirs de changement... et  les modifications importantes de la sexualité au milieu de la vie se rencontrent de fait très fréquemment ...les demandes sexologiques sont donc multiples dans cette tranche d'âge.

-chez l'homme, l'angoisse sexuelle devient une donnée importante avec l'angoisse de performance ,la crainte de la panne .l'anticipation d'échec etc... les causes organiques sont encore relativement rares (HTA prostate) et c'est surtout l'ambiance dépressive, les rythmes de vie, la coloration milieu de vie dont on parlait tout à l'heure qui mettent en jeu la performance sexuelle.

- La femme, bien sur cherche à rester séduisante et désirable certes, mais elle a beaucoup de mal à réaliser ce souhait ,car elle reste confrontée encore à son rôle de mère , d'épouse,souvent de soignante de ses parents et beaux-parents .tout en faisant face à ses obligations socio-professionnelles... le conflit entre ces différentes étiquettes tend à désérotiser la relation conjugale..

2°Pour ce qui est du couple : La CMVdéfie le couple, parfois avec violence, provoquant conflit, mésentente, parfois séparation, rupture. La dissociation, la désunion du couple survient lorsque chacun des partenaires en crise projette son malaise existentiel sur le partenaire ou sur le lien conjugal (développer le patrimoine affectif ,historique et matériel ).

Il le désigne alors comme le mauvais objet, le persécuteur aliénant; qu'il faut quitter pour se recréer: de recréer à récréation, il n'y a qu'un pas: l'expression consacrée, c'est... se retrouver, il faut que l'on refasse sa vie...

On sait que le départ du conjoint en crise se fait le plus souvent chez l'homme dans l'infidélité: le fameux Démon de Midi: c'est le mari parfait qui se transforme en sémillant quadragénaire ou quinquagénaire et qui part séduire des jeunes filles: il part à la chasse aux femmes mais contrairement à la chasse traditionnelle c'est quand on attrape le gibier...que les ennuis commencent...

De son côté la femme, jeune encore, mais craignant de vieillir est souvent attirée par un homme paternel qui la ramène au statut de petite fille protégée matériellement et psychologiquement.

II y a une réelle attirance de l'homme de 40 à 50 ans pour la jeune fille en bouton. Celle ci serait destinée en quelque sorte à ré-assurer sa puissance virile, ou pour certains se rajeunir, ou encore pour les analystes à trouver une partenaire capable d'une nouvelle fécondation: c'est la faim de loup, pour le jeune tendron: c'est le mythe de la meute ou le vieux mâle tant qu'il est dominant non contesté couvre les femelles et assure ainsi son immortalité...

Toujours est-il que la considération fondamentale, qui règle le penchant et le choix, est l'âge...L'homme recherche une partenaire dans les années qui vont de l'apparition à la disparition de la menstruation, en donnant sa préférence à la période comprise entre 18 et 28 ans.Même sans beauté, la jeunesse a toujours du charme, alors que la beauté sans jeunesse n'est que respectable...

La raison alléguée, inconsciemment est la conception, comme le vieux loup, c'est un vouloir vivre toujours, l'homme se sert alors de la jeunesse pour atteindre son but inconscient: l'enfant * c'est-à-dire l'immortalité au niveau des chromosomes. (* inconscient bien sûr car l'enfant ne serait pas le bienvenu...)

Schopenhauer soutient que de son coté la femme donne volontiers la préférence à l'homme de 35 à 45 ans .dans la mesure ou cet âge marquerait l'acmé de la puissance génésique .

Je ne veux pas me faire l'avocat du diable mais on voit ainsi se profiler une sorte de couple idéal par sa "performativité", l'homme à l'acmé de sa maturité, et la femme à la fleur de sa jeunesse.(Schopenhauer ,trouve là un alibi métaphysique et éthologique.)

C'est vrai qu'il existe en tout être un désir non seulement d'immortalité mais de ré-génération:

-la jeune fille lui garantit un rajeunissement et lui permet narcissiquement de s'aimer à nouveau.

(- on voit la d'ailleurs les relents cannibaliques ou vampirisants:le sang neuf, la chair fraîche, mécanisme de trans-substantation) transgénération ->régénération

- la femme légitime se voit brutalement assignée le rôle de la mère comme dans la meute, la commère, et l'homme arrive à ses fins, cette dualité de désir de deux femmes , la mère et la femme , (la loi et le pulsionnel.)

Et chez la femme ,1e démon de midi existe t'il?

Il semblerait que l'adultère soit plus fréquent dans les 5 années qui précèdent la ménopause avérée... dommage que les dates ne nous soient pas connues à l'avance , certains d'entre nous prendraient les mesures qui s'imposent...

Cependant si l'infidélité peut représenter un mode de résolution de la crise, ce n'est pas en général la modalité la plus fréquente...

Pour une épouse ,1e besoin de changement se manifeste par un besoin d'ouverture vers de nouveaux horizons:

-l'enrichissement culturel

-la reprise d'études

-les formations

-la multiplication des liens relationnels avec l'élargissement du périmètre social

-l'intégration à une vie plus active

Il existe aussi chez la femme une réaction plus spécifique, ce que les anglo-saxons ont nommé "thé empty nest" en français" le syndrome du nid vide" ou encore la "nostalgie pareniale chronique". Le début de l'autonomie et l'éloignement des enfants devenus adolescents ou jeunes adultes peut en effet entraîner une tristesse, une nostalgie (nost -algie), voire une dépression liée à la vacuité du foyer autrefois animé et plein de bruits...

-c'est plus fréquent chez la mère que chez le père

-souvent dans ce qu'on appelle les foyers clos ou, familles fermées, éventuellement monoparentales , ou l'essentiel de l'existence s'est réduite à élever les enfants , en dehors de tout autre investissement.

En fait les études sur le nid vide ont été assez peu nombreuses et contradictoires: certaines en effet ont montré qu'en fait le stress le plus important n'était pas ressenti lors du départ des enfants ,mais plutôt lors de leur retour, retour quand il existe bien évidemment un échec de vie autonome...

-24% des femmes déclarent un stress dans ce cas

-20% se déclarent stressées quand l'enfant reste trop longtemps sous le toit

- alors que 8% seulement se déclare perturbées quand elles n'ont plus d'enfants à la maison.

en guise de conclusion qui est sensible à la CMV?

-Tout idéalisme est source de désillusion... c'est en ce sens que l'on a pu parler de maladie de l'idéalité pour la CMV... et on a décrit l'idéalopathe.

-l'idéalopathie ferait en quelque sorte le lit de la crise qui naîtrait donc du décalage , de la distorsion qui s'installe entre les illusions , les phantasmes mégaiomaniaques de l'enfance et de l'adolescence, et la prise de conscience de ce qui est réalisé et encore réalisable...idéalisation du cadre de vie, de la carrière, du mariage de l'amour ,du sexe, de la mission à remplir etc.. contrastant avec la réalité,autrement dit l'impossible lien entre la virtualité phantasmatique relevant du principe de plaisir et le principe de réalité.